lunes, 11 de noviembre de 2013

JULES RENARD (Francia, 1864-1910)
Una familia de árboles

     Los encuentro después de haber atravesado una llanura chamuscada por el sol.
     No habitan al borde de la ruta, por el ruido. Habitan en los incultos campos, junto a una fuente conocida por las aves.
     De lejos parecen impenetrables. Apenas me acerco aflojan sus troncos. Me acogen con prudencia. Puedo reposar, refrescarme, pero adivino que me observan y desconfían.
     Viven en familia, los mayores en medio y los pequeños, aquellos cuyas hojas son recién nacidas, por todos lados sin apartarse nunca.
     Tardan en morir, y conservan sus muertos en pie, hasta que caen el polvareda.
     Se acarician con sus largas ramas para asegurarse de que están todos allí, como los ciegos. Gesticulan de cólera si el viento se sofoca por desarraigarlos. Pero ninguna disputa entre ellos. Sólo de acuerdo murmuran.
    Siento que deben ser una familia verdadera. Olvidaré pronto a la otra. Estos árboles me adoptarán poco a poco, y para merecerlo aprendo lo que es preciso saber:
     Sé mirar las nubes que pasan.
     Sé quedarme en el mismo sitio.
     Y sé casi callarme.


"Sábado", revista semanal, Medellín, 18 de junio de 1921

Une famille d'arbres 

C’est après avoir traversé une plaine brûlée de soleil que je les rencontre.
Ils ne demeurent pas au bord de la route, à cause du bruit. Ils habitent les champs incultes, sur une source connue des oiseaux seuls.
      De loin, ils semblent impénétrables. Dès que j’approche, leurs troncs se desserrent. Ils m’accueillent avec prudence. Je peux me reposer, me rafraîchir, mais je devine qu’ils m’observent et se défient.
       Ils vivent en famille, les plus âgés au milieu et les petits, ceux dont les premières feuilles viennent de naître, un peu partout, sans jamais s’écarter.
Ils mettent longtemps à mourir, et ils gardent les morts debout jusqu’à la chute en poussière.
Ils se flattent de leurs longues branches, pour s’assurer qu’ils sont tous là, comme les aveugles. Ils gesticulent de colère si le vent s’essouffle à les déraciner. Mais entre eux aucune dispute. Ils ne murmurent que d’accord.
       Je sens qu’ils doivent être ma vraie famille. J’oublierai vite l’autre. Ces arbres m’adopteront peu à peu, et pour le mériter j’apprends ce qu’il faut savoir :
      Je sais déjà regarder les nuages qui passent.
      Et je sais presque me taire.
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2 comentarios:

  1. Hola, visiten mi página, soy amante de los árboles y me gusta mucho éste blog.

    https://www.facebook.com/neoartica

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  2. Gracias por tus comentario, visitaremos tu página, aunque, de momento, no he podido acceder a ella, saludos.

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