25 diciembre 2008


FRANÇOIS-RENE DE CHATEAUBRIAND (Francia, 1768-1848)
La forêt

Forêt silencieusee, aimable solitude,
Que j'aime à parcourir votre ombrage ignoré
Dans vos sombres détours, en rêvant égaré,
J'éprouve un sentiment libre d'inquiétude,
Prestige de mon coeur! je crois voir s'exhaler
Des arbres, des gazons, une douce tristesse:
Cette onde que j'entends murmure avec mollesse,
Et dans le fond des bois semble encor m'appeler.
Oh! que ne puis-je, heureux, passer ma vie entière
Ici, loin des humains! Au bruit de ces ruisseaux,
Sur un tapis de fleurs, sur l'herbe printanière,
Qu'ignoré je sommeille à l'ombre des ormeaux!
Tout parle, tout me plaît sous ces vo¸utes tranquilles:
Ces genêtes, ornements d'un sauvage réduit,
Ce chèvrefeuille atteint d'un vent léger qui fuit,
Balancent tour à tour leurs guirlandes mobiles.
Forêts dans vos abris gardez mes voeux offerts,
A quel amant jamais serez-vous aussi chères?
D'autres vous rediront des amours étrangères;
Moi, de vos charmes seuls j'entretiens vos déserts.
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VICTOR HUGO (Francia, 1802-1885)
Aux arbres 

Arbres de la forêt, vous connaissez mon âme!
Au gré des envieux, la foule loue et blâme;
Vous me connaissez, vous! - Vous m'avez vu souvent,
Seul dans vos profondeurs, regardant et rêvant.
Vous le savez, la pierre où court un scarabée,
Une humble goutte d'eau de fleur en fleur tombée,
Un nuage, un oiseau, m'occupent tout un jour.
La contemplation m'emplit le coeur d'amour.
Vous m'avez vu cent fois, dans la vallée obscure,
Avec ces mots que dit l'espirt à la nature,
Questionner tout bas vos rameaux palpitants,
Et du même regard poursuivre en même temps,
Pensif, le front baissé, l'oeil dans l'herbe profonde,
L'étude d'un atome et l'étude du monde.
Attentif à vos bruits qui parlent tous un peu,
Arbres, vous m'avez vu fuir l'homme et chercher Dieu!
Feuilles qui tressaillez à la pointe des branches,
Nids ddont le vent au loin sème les plumes blanches,
Clairières, vallons verts, déserts sombres et doux,
Vous savez que je suis calme et pur comme vous.
Comme au ciel vos parfums, mon culte à Dieu s'élance,
Et je suis plein d'oubli comme vous de silence!
La haine sur mon nom répand en vain son fiel;
Toujours - je vous atteste, ô bois aimés du ciel! -
J'ai chassé loin de moi toute pensée amère,
Et mon coeur est encor tel que le fit ma mère

Arbres de ces grands bois qui frissonnez toujours,
Je vous aime, et vous, lierre au seuil des antres sourds,
Ravins où l'on entend filtrer les sources vives,
Buissons que les oiseaux pillent, joyeux convives
Quand je suis parmi vous, arbres de ces grands bois,
Dans tout ce qui m'entoure et me cache à la fois,
Dans votre solitude où je rentre en moi-même,
Je sens quelqu'un de grand qui m'écoute et qui m'aime!

Aussi, taillis sacrés où Dieu même apparaît,
Arbres religieux, chênes, mousses, forêt,
Forêts! c'est dans votre ombre et dans votre mystère,
C'est sous votre branchage auguste et solitaire,
Que je veux abriter mon sépulcre ignoré,
Et que je veux dormir quand je m'endormirai.
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23 diciembre 2008

PHILIP LARKIN - The trees

PHILIP LARKIN (England, 1922-1985)
The trees

The trees are coming into leaf
Like something almost being said;
The recent buds relax and spread,
Their greenness is a kind of grief.

Is it they are born again
And we grow old? No, they die too.
Their yearly trick of looking new
Is written down in rings of grain.

Yet still the unresting castles thresh
In fullgrown thickness every May.
Last year is dead, they seem to say,
Begin afresh, afresh, afresh.

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Los árboles

Los árboles ya comienzan a brotar
como algo casi a punto de ser dicho;
los nuevos tallos descansan y se propagan,
su verdor es una especie de tristeza.

¿Se trata de que ellos nacen nuevamente
y nosotros nos hacemos viejos? No, también mueren,
Su truco anual de lucir nuevos.
Se inscribe en sus fibras en anillos.

Sin embargo, los incansables castillos desgranan
su gruesa madurez cada primavera.
Ha muerto el último año, parecen decir,
comencemos otra vez, otra vez, otra vez.
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ANGEL LARREA 
Zuhaitza



Zuhaitza zutik egoten ohi da,
haritza eta pagoa, aldiz,
sarritan okertuta ikusian,
inkontzienteki, pentsatzen dugu

arbola madarikatuak
edo
arbola sakratuak
direla.
Madarikatuak tximistak jo dituelako;
sakratuak euren abarretan
Ama Birjina agertu delako.
Hala ere, zuhaitzaren energia
eta tximistaren energia,
biak bat dira:
lurra eta zerua.
Zuhaitza eta Hartza, alde batetik,
Su(ge)a eta Dragoia, bestetik;
edo
Haritza, Diana jainkosa, alde batetik,
Sua edo Vulkano jainkoa, bestetik.
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19 diciembre 2008

Walt Whitman - Vi en Louisiana...

WALT WHITMAN (EE.UU.
1819-1892)
Vi en Louisiana crecer una encina


Vi en Luisiana crecer una encina,
Se erguía sola y el musgo colgaba de las ramas,
Creció allí sin compañero, emitiendo alegres hojas, de color verde oscuro,
Y su aspecto rudo, inflexible, robusto, me hizo pensar en mí mismo,
Pero me preguntaba cómo podía la encina emitir alegres hojas allí sola, sin su amigo cercano, pues bien sabía yo que no podía imitarla.
Y arranqué una ramita cubierta de hojas y entrelacé con ellas un poco de musgo,
Y me la llevé, y la he puesto en un lugar visible en mi cuarto,
No la necesito para que me recuerde a mis amigos queridos
(Pues creo que últimamente casi no he pensado sino en ellos),
Pero es para mi un curioso emblema, me hace pensar en el amor viril;
A pesar de ello, y aunque la encina brilla allá en Luisiana, solitaria en medio de un vasto claro,
Y emite alegres hojas durante toda su vida sin un amigo o amante cercano,
Sé muy bien que yo no podría imitarla.

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I Saw in Louisiana a Live-Oak Growing

I saw in Louisiana a live-oak growing,
All alone stood it and the moss hung down from the branches,
Without any companion it grew there uttering joyous leaves of dark green,
And its look, rude, unbending, lusty, made me think of myself,
But I wonder'd how it could utter joyous leaves standing alone there without its friend near, for I knew I could not,
And I broke off a twig with a certain number of leaves upon it, and twined around it a little moss,
And brought it away, and I have placed it in sight in my room,
It is not needed to remind me as of my own dear friends,
(For I believe lately I think of little else than of them,)
Yet it remains to me a curious token, it makes me think of manly love;
For all that, and though the live-oak glistens there in Louisiana solitary in a wide flat space,
Uttering joyous leaves all its life without a friend or lover near,
I know very well I could not.

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