14 enero 2012

ALPHONSE DE LAMARTINE (Francia, 1790-1869)
Le chêne 

Voilà ce chêne solitaire
Dont le rocher s’est couronné,
Parlez à ce tronc séculaire,
Demandez comment il est né.
Un gland tombe de l’arbre et roule sur la terre,
L’aigle à la serre vide, en quittant les vallons,
S’en saisit en jouant et l’emporte à son aire
Pour aiguiser le bec de ses jeunes aiglons ;
Bientôt du nid désert qu’emporte, la tempête
Il roule confondu dans les débris mouvants,
Et sur la roche nue un grain de sable arrête
Celui qui doit un jour rompre l’aile des vents ;
L’été vient, l’Aquilon soulève
La poudre des sillons, qui pour lui n’est qu’un jeu,
Et sur le germe éteint où couve encor la sève
En laisse retomber un peu !
Le printemps de sa tiède ondée
L’arrose comme avec la main ;
Cette poussière est fécondée
Et la vie y circule enfin !
La vie ! à ce seul mot tout œil, toute pensée,
S’inclinent confondus et n’osent pénétrer ;
Au seuil de l’Infini c’est la borne placée ;
Où la sage ignorance et l’audace insensée
Se rencontrent pour adorer !
Il vit, ce géant des collines !
Mais avant de paraître au jour,
Il se creuse avec ses racines
Des fondements comme une tour.
Il sait quelle lutte s’apprête,
Et qu’il doit contre la tempête
Chercher sous la terre un appui ;
Il sait que l’ouragan sonore
L’attend au jour !.., ou, s’il l’ignore,
Quelqu’un du moins le sait pour lui !
Ainsi quand le jeune navire
Où s’élancent les matelots,
Avant d’affronter son empire,
Veut s’apprivoiser sur les flots,
Laissant filer son vaste câble,
Son ancre va chercher le sable
Jusqu’au fond des vallons mouvants,
Et sur ce fondement mobile
Il balance son mât fragile
Et dort au vain roulis des vents !
Il vit ! Le colosse superbe
Qui couvre un arpent tout entier
Dépasse à peine le brin d’herbe
Que le moucheron fait plier !
Mais sa feuille boit la rosée,
Sa racine fertilisée
Grossit comme une eau dans son cours,
Et dans son coeur qu’il fortifie
Circule un sang ivre de vie
Pour qui les siècles sont des jours !
-----


10 enero 2012

SARA TEASDALE (EE.UU, 1884-1933)
The tree


Oh to be free of myself,
With nothing left to remember,
To have my heart as bare
As a tree in December;
Resting, as a tree rests
After its leaves are gone,
Waiting no more for a rain at night
Nor for the red at dawn;
But still, oh so still
While the winds come and go,
With no more fear of the hard frost
Or the bright burden of snow;
And heedless, heedless
If anyone pass and see
On the white page of the sky
Its thin black tracery.

-----

05 enero 2012

UN CIPRÉS QUE APUNTA AL CIELO
R. Núñez

Un ciprés que apunta al cielo,
un surtidor paralelo,
rocas y verde en campiña,
piedra y silencio: ¡Castilla!

22-8-1950  
-----

30 diciembre 2011


LLORENÇ RIBER (Mallorca, 1881-1958) 
La mort del pi de Formentor



I encara, en el cim aspre, regnà algunes anyades,
dret davant Déu, i únic, i com un cedre, sant;
lluità encara amb oratges, damunt les nuvolades,
des que hi pujà amb ses ales novelles desplegades,
    el càntic fulgurant.

Magnífic solitari, el Pi reial tenia
la cabellera lenta damunt un tronc d'aram;
era el darrer dinasta de l'àrdua dinastia
qui, tràgic, entre els núvols, immòbil oferia
    son front votat al llamp.

Veié calmes augustes, tormentes violentes,
i ajeure's altra volta la calma a poc a poc;
i alçar-se aurores pàl·lides i aurores sangonentes;
desficis de les lentes estrelles somnolentes
    com uns sospirs de foc.

La lluna plena i pura qui fa somriure l'ona
i amb blanc silenci trèmol anega el mar sens fi
i el Sol qui porta el dia; i a l'hora en què s'afona
oberta en glòria tota la llum de sa corona
    i els raigs del cap diví...

I s'amarà de l'éxtasi fugaç d'aquella estona
en que el difús aroma amb la remô es confon,
damunt l'aura tan fina que un hom no se n'adona
si és un perfum d'Angelus, o un sanglot de l'ona
    o un gemec del món.

No li emmollí la fibra l'amor amb blana festa,
ni mai cap plançó regi no li sortí del flanc;
la santedat vestia'l flotant com una vesta,
i com l'antic Elies, ja veia la tempesta
    al si del núvol blanc.

I un jorn vingué la pluja cenyida de negrures:
davall ses ales fosques la mar s'ennegreí,
i el Tro cantà la glòria de Déu en les altures...
I, finalment, les cimes se revelaren purés;
    mes, ja no hi era el Pi.

Ara blaveja nua la serra gegantina;
morí el sant arbre mític; ni deixà rastre enlloc,
car Déu qui en la tenebra lluentejant camina
el visità amb el glavi amb què els cimals fulmina
    i el consagrà amb son foc.


-----